Dernier ouvrage traduit en français: «La Grande Déraison – Race, genre, identité» (Éd. L’Artilleur, octobre 2020, 460 p., 23 €), best-seller en Grande-Bretagne. Douglas Murray est actuellement chercheur invité auprès du think-tank conservateur Danube Institute à Budapest.
Bien que n’ayant jamais consacré plus de quelques heures à la gauche, je trouve que cette famille politique possède des caractéristiques qui imposent le respect. La vertu de solidarité, avant tout. Or ces dernières semaines, la solidarité avec la France a été terriblement minime – de la part de personnes de toutes orientations politiques. Mais cette honte est la leur, et non celle de la France.
Bien sûr, il était à prévoir qu’à la suite des attentats dont la France a de nouveau été victime voilà quelques semaines, les démagogues et les opportunistes du monde musulman cherchent à en tirer un avantage politique. Chaque fois qu’une occasion s’offre à Erdogan de se présenter comme le leader des musulmans du monde, il la saisit. Erdogan n’est pas un homme stupide. C’est simplement un homme malveillant. Un homme qui savoure cette opportunité de pouvoir prétendre que les mesures et les politiques du gouvernement français sont d’une quelconque manière dirigées vers tous les musulmans.
Idem pour le premier ministre du Pakistan, Imran Khan. Certains d’entre nous se souviendront peut-être d’Imran quand il était un joueur de cricket et un play-boy arpentant toutes les soirées de Londres. Aujourd’hui, c’est pourtant le visage d’un mollah qu’il semble arborer. Il n’y a alors rien de surprenant à ce qu’il prétende que le discours millimétré du président Macron soit en fait «délibérément provoquant pour les musulmans». Khan régit l’un des pays avec les conditions de vie les plus déplorables sur terre. Un jour passé à insulter la France doit donc être un soulagement pour lui, bien loin des réformes nécessaires qu’il devrait mettre en place pour améliorer les conditions de vie de son pays.
Ce qui est plus surprenant, ce sont les diffamations envers le président français venant de personnes qui, par le passé, ont pu savoir comment la France s’est construite.
Je voudrais dire combien moi et beaucoup d’autres personnes, loin des côtes de France, admirons votre nation.
Au cours du mois dernier, le New York Times, le Financial Times et d’autres journaux autrefois respectés ont fait ce qu’il y avait de pire par leur ignorance coupable, affirmant que le président Macron était incapable de faire la différence entre un djihadiste et un musulman.
L’escalade de la semaine dernière est profondément choquante. Une personne nommée Karen Attiah, du Washington Post (là encore, un journal «sérieux») a clamé haut et fort que la loi [«confortant les principes républicains», NDLR] était conçue pour «viser spécifiquement les enfants musulmans». Quand cette aberration lui a été reportée, elle a fini par admettre que ce qu’elle avait écrit pouvait contenir quelques «erreurs» mais qu’il «était naïf de croire que cette loi ne finirait pas par créer un climat dans lequel les musulmans souffriraient encore davantage». Selon elle, la «France est un pays qui ne voit rien de mal à violer les droits des musulmans», mobilisant comme preuve un article d’al-Jazeera, le média du Qatar.
Les journalistes du Qatar ne ratent jamais une occasion de se joindre à cette francophobie. L’une d’entre eux, Sana Saeed écrit ainsi que «ce que l’on pouvait redouter qu’il arrive aux musulmans aux États-Unis est en train d’arriver en France – rapidement. Et cela est aussi insoutenable qu’effrayant à observer. Le fascisme français s’est toujours présenté comme le descendant des Lumières». Saeed s’est heurtée à une certaine résistance, comme on pouvait s’y attendre, mais comme tous les autres, elle s’est ravisée, non sans déclarer que la France essayait de «criminaliser» la «culture et la foi» musulmane, allant même jusqu’à décrire la France comme «complètement fasciste». Il convient de se demander comment l’employeur de Saeed, à Doha, réagirait si son petit État avait à subir un dixième de ce que les islamistes ont fait subir à la France ces dernières années.
Cela pourrait être compréhensible qu’al-Jazeera perde son temps à diffuser ce genre de calomnies. Mais nous avons aussi vu des personnes comme Heidi N. Moore, journaliste pour le Wall Street Journal et pour un petit quotidien de gauche nommé The Guardian déclarer sur Twitter, à propos de ladite loi, «Félicitations à Emmanuel Macron pour réinventer le modèle des Jeunesses hitlériennes».
Le brouhaha incessant de vos adversaires est aussi abject que le silence de vos amis. Cette honte ne pèse pas sur vous, mais sur eux.
Les mensonges répandus contre votre pays ne sont pas simplement scandaleux, mais dangereux. Pourtant, les personnes qui les diffusent ne paraissent pas en être gênées un tant soit peu. Bien sûr, outre d’être le produit des islamistes, c’est aussi le syndrome d’une maladie qui gangrène la gauche américaine. Celle qui n’a pas seulement décidé d’être aveuglément raciste dans son «internationalisme» mais qui a déclaré que les gens de gauche ne peuvent aimer ou admirer leur pays.
Cependant, je le répète, le problème vient d’eux et non de la France. Les choses seraient différentes si l’Amérique avait vécu ne serait-ce qu’un quart de ce que la France a subi ces dernières années. Si les Américains avaient connu une année (et davantage ce mois) commençant par le massacre d’Américains anonymes et finissant par la décapitation d’un prêtre en train de célébrer la messe dans la cathédrale Saint-Patrick sur la Ve Avenue, peut-être y aurait-il moins d’ignorance et d’intolérance antifrançaise de la part des médias américains.
L’esprit de clocher n’est pas une excuse. Il fut un temps où beaucoup de critiques actuels de la France auraient compris que la République n’a pas simplement le droit mais aussi le devoir de défendre ses citoyens, ainsi que de décider elle-même des lois à promulguer pour protéger ses citoyens.
À l’encontre de la tendance actuelle, je voudrais dire combien moi et beaucoup d’autres personnes, loin des côtes de France, admirons votre nation. Nous admirons votre République. Nous admirons votre détermination. Nous admirons votre capacité à vous dresser avec dignité contre tous ceux qui souhaitent porter atteinte à vos valeurs fondamentales.
Le brouhaha incessant de vos adversaires est aussi abject que le silence de vos amis. Cette honte ne pèse pas sur vous, mais sur eux. Alors je souhaite affirmer au nom des amis et admirateurs de la France à quel point nous vous admirons pour votre résilience face aux tempêtes qui auraient déchiré des nations moins puissantes. En leur nom, je vous manifeste notre solidarité.