Patrick Karam est vice-Président de la région Ile-de-France, fervent défenseur des valeurs républicaines. Il est la cible d’une attaque de la droite identitaire qui l’accuse de tenir un double discours au sujet de l’islamisme. Nous l’avons interrogé sur cette polémique, et sur ses engagements.
Le Crif – Vous êtes victime d’une attaque honteuse par la droite identitaire prétendant, vidéo à l’appui, que vous êtes un soutien des islamistes. Vous avez reçu de nombreux soutiens. Souhaitez-vous commenter cette attaque et la polémique qu’elle a engendrée ?
Patrick Karam – Il faut d’abord bien comprendre qui est à l’origine de cette ignoble attaque. Il s’agit du fondateur de Génération identitaire, une association dissoute en Conseil des Ministres en mars 2021, pour appel à la haine et à la violence.
Cet individu fait un montage tronqué d’une vidéo très ancienne dans laquelle je mentionne Mohammed Henniche. A l’époque de cette vidéo, il travaille avec toute la classe politique, il est reçu à l’Elysée, au ministère de l’Intérieur et travaille avec les préfets. Il participe aussi à un voyage en Israël aux cotés de Marek Halter et de Hassen Chalghoumi. Je parle d’un homme qu’il n’est évidemment plus, près de 10 ans plus tard.
Vous savez, je ne confonds pas Islam et islamisme. Si je pense qu’il faut dialoguer avec tous les musulmans, je suis aussi fermement engagé contre les dérives de l’islamisme. En 2002, je co-publie le Dictionnaire Mondial de l’Islamisme qui alerte sur la menace islamiste. Avec la Coordination des Chrétiens d’Orient en Danger, que j’ai créée en 2013, j’ai demandé l’interdiction des Frères Musulmans et des salafistes en France, et j’ai porté plainte devant la Cour pénale internationale contre Daesh, et devant les tribunaux français contre les djihadistes pour crimes contre l’humanité.
Je suis très clair sur ces questions-là : je suis républicain et je me mobilise entièrement contre l’islamisme.
Le Crif – En mai 2014, en tant que Président du Conseil représentatif des Français d’Outre-mer – CREFOM, vous aviez signé avec Roger Cukierman – alors Président du Crif – un mémorandum de soutien pour une assistance mutuelle en cas d’attaque raciste ou antisémite, et pour une meilleure connaissance de communautés juive et ultramarine. En quoi ce travail a-t-il été essentiel à la compréhension entre ces communautés ?
Patrick Karam – Dès la création du CREFOM, j’ai voulu signer un mémorandum de soutien mutuel entre les représentations des Français d’Outre-mer et des Français juifs.
A l’époque, Dieudonné prônait une concurrence des mémoires entre l’histoire de l’esclavage et la Shoah. Ses propos étaient relayés auprès des plus jeunes et il fallait absolument remettre les pendules à l’heure.
Le fait de travailler avec le Crif a permis de clarifier les choses et d’apaiser la situation.
Quand le Président du Crif Roger Cukierman est allé en Guadeloupe, je l’ai accueilli à l’aéroport, nous avons tenu une conférence de presse pour dire un « non » clair à la concurrence mémorielle.
Le Crif – Vous êtes vice-Président de la région Ile-de-France et vous avez instauré, avec Valérie Pécresse, la Charte de la laïcité, réservant les subventions de la région aux associations qui souscrivent aux règles républicaines et laïques. Comment cela fonctionne-t-il ? Quels en sont les résultats ?
Patrick Karam – Valérie Pécresse m’a effectivement demandé de travailler à la rédaction d’une charte de la laïcité et des valeurs de la République à destination de tous les bénéficiaires de nos subventions.
Cette charte, au-delà d’exiger que les associations souscrivent aux valeurs républicaines et laïques, stipule aussi que les subventions seront refusées aux associations qui ont appelé au boycott d’Israël.
Concrètement, à chaque fois que l’on reçoit une demande de subvention, tout est vérifié pour s’assurer de la moralité de l’association et de son adhésion aux principes républicains. Des centaines d’associations ont ainsi été exclues du processus de subvention.
Par ailleurs, avec Valérie Pécresse, j’ai aussi lancé un programme de lanceurs d’alertes au sein des clubs sportifs pour avertir de certaines dérives communautaires et de la radicalisation.
Aujourd’hui, nous avons à notre disposition des outils dédiés et formons également des fonctionnaires territoriaux sur la question de la radicalisation et de l’islamisme. La ville de Conflans-Sainte-Honorine nous l’a notamment demandé.
Le Crif vous propose :