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Lance l’imam de Bordeaux
Alors que “Charlie Hebdo” republie mercredi, jour d’ouverture du procès des attentats de janvier 2015, les caricatures de Mahomet qui avaient fait de l’hebdomadaire satirique la cible des islamistes radicaux, Tareq Oubrou, imam de Bordeaux, soutient le journal. “On ne répond pas aux caricatures par des balles et du coup de poing”, juge-t-il.
Le douloureux souvenir des attentats de janvier 2015 resurgit mercredi à la faveur d’une double actualité. D’abord avec un procès historique qui s’ouvre, pour minimum deux mois, à Paris. 14 personnes sont jugées pour avoir aidé les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, responsables de la mort de 17 personnes les 7,8 et 9 janvier 2015. Ensuite, c’est Charlie Hebdo, dont 10 membres avaient été assassinés à l’époque, qui décide de republier les caricatures de Mahomet qui avaient fait de l’hebdomadaire satirique l’une des cibles privilégiées des extrémistes islamistes. Un geste courageux pour les uns, une provocation pour d’autres.
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“C’est tout à fait légitime de republier ces caricatures. La caricature fait partie de notre culture française. C’est à prendre ou à laisser”, réagit Tareq Oubrou, l’imam de Bordeaux, sur Europe 1. “C’est ça qui fait notre démocratie. On ne répond pas aux caricatures par des balles et du coup de poing, mais par la pensée et la caricature. Je pense que le comique, l’humour, la caricature pacifient les relations entre des gens qui ne partagent pas forcément les mêmes opinions.”
“Les musulmans sont frappés doublement parce que c’est un crime qui a été commis au nom de leur religion”
Et pour les musulmans qui seraient choqués par ces caricatures – l’islam proscrivant de représenter sous quelle que forme que ce soit le prophète Mahomet – Tareq Oubrou a un conseil. “J’appelle à l’indifférence. C’est-à-dire que les musulmans ne vont pas applaudir les caricatures. Mais ils ne doivent pas non plus être excités et passer à des actes agressifs”, appelle l’essayiste, auteur en 2019 d’Appel à la réconciliation. Foi musulmane et valeurs de la République française.
L’imam de Bordeaux n’oublie pas l’essentiel. “Les caricatures, ça nous renvoie plutôt au drame qui a frappé les artistes de ces caricatures. C’est ça que nous devons retenir, que des gens ont été tués parce qu’ils ont fait des caricatures”, martèle Tareq Oubrou. “En plus, la plupart des musulmans vivent mal cette situation-là. Les musulmans sont frappés doublement parce que c’est un crime qui a été commis au nom de leur religion, parce qu’ils sont des citoyens comme les autres. Toute la France a été frappée, y compris les musulmans, à travers ce crime perpétré à l’égard de Charlie Hebdo, la liberté d’expression.”
Le retentissement de ces événements est considérable, aussi bien en France qu’à l’étranger : des manifestations de soutien ont lieu dans de nombreuses villes de France et dans le monde. Quarante-quatre chefs d’État et de gouvernement participent à Paris à une « marche républicaine » le dimanche 11 janvier 2015, qui rassemble plus d’un million et demi de personnes, tandis que sur deux journées, plus de quatre millions de Français défilent sur tout le territoire.
Le numéro 1 178 de Charlie Hebdo, publié le 14 janvier, est tiré à près de huit millions d’exemplaires et l’intégralité des recettes du premier million a été versée aux familles des victimes.
Parmi les morts se trouvent huit membres de la rédaction de Charlie Hebdo
- Cabu, (76 ans) dessinateur ;
- Charb, (47 ans) dessinateur et directeur de la publication ;
- Tignous, (57 ans) dessinateur ;
- Honoré, (73 ans) dessinateur ;
- Wolinski, (80 ans) dessinateur N 8 ;
- Bernard Maris, (68 ans) économiste et chroniqueurN 9 ;
- Mustapha Ourrad, (60 ans) correcteur47 ;
- Elsa Cayat, (54 ans) psychanalyste et chroniqueuse48 ;
Les autres victimes sont :
- Frédéric Boisseau, (42 ans) un employé de la société Sodexo chargé de la maintenance dans l’immeuble, fait aussi partie des victimes49,50 ; il est la première personne tuée lors de cet attentat51,52 ;
- Michel RenaudN 10,53, (69 ans) invité de la rédaction, qui était venu de Clermont-Ferrand pour rendre certains de ses dessins à Cabu ;
- Franck Brinsolaro, (48 ans) le premier policier tué officier du service de la protection — le SDLP — chargé de la protection personnelle de Charb28,54,55, abattu en même temps que lui ;
- Ahmed Merabet, (40 ans) le second policier tué, gardien de la paix56,57,58 du commissariat du 11e arrondissement, blessé puis assassiné sur la voie publique après avoir tenté d’empêcher la fuite des tueurs.