Le Pape François et le Grand Imam d’al-Azhar (Égypte), à Abu Dhabi en 2019
Ce serait méconnaître l’islam, bien que ce soit généralement le cas, que de le réduire à ses composantes radicales excessivement minoritaires -même si elles dominent les espaces médiatiques et les discours politiques – composantes impliquées, le plus souvent directement, de même qu’à leur insu, dans la défiguration de l’image de l’islam et des musulmans. Quant aux acteurs de la violence, al-Qaeda et Daech, coupables sans appel du massacre de nombreux innocents à travers la planète (des musulmans en tête), il va sans dire qu’ils sont, à l’unanimité, condamnés par l’ensemble du monde musulman. Un rejet collectif qui s’est fixé pour mission l’appel à la lutte contre les idéologies mortifères, opposées qu’elles sont aux valeurs humaines et à la favorisation des vertus de tolérance intrinsèques à l’islam.
En 2014, alors que Daech était à son plus haut niveau de violence, l’influent Ayatollah Iraquien Ali Husseini al-Sistani, et ce au péril de sa vie, n’avait pas hésité à rendre publiques plusieurs fatwas (édits) contre cette organisation terroriste. Une offensive qui l’incita en 2019, à réclamer une enquête internationale sur les « crimes barbares » perpétrés par cette hydre sanguinaire contre la société irakienne, ses minorités en particuliers : les Yazidis de Sinjar, les Chrétiens de Mossoul et les Turkmènes de Tal Afar. Une position courageuse qui exhorta le Pape François à venir à la rencontre de cette plus haute autorité chiite du pays, en mars 2021, dans la ville sainte d’al-Najaf.
La Déclaration d’al-Azhar sur la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme, datant elle aussi de 2014, constitue une autre belle preuve. Dans son 2e article, elle précise que : « Les musulmans et les chrétiens d’Orient sont frères, ils appartiennent à une même civilisation, aux mêmes nations […] la diversité des religions et des confessions restera un témoignage indispensable pour eux et pour le monde » . Une déclaration née de la contribution de plusieurs personnalités des mondes religieux, politique et intellectuel musulman et qui aboutit, en 2015, à la naissance du Conseil des sages musulmans . Ce dernier, dans le cadre des Caravanes de la paix , s’attela à organiser de nombreuses conférences internationales avec l’objectif affiché de lutter contre les idéologies subversives et l’extrémisme menant à la violence. Le Forum pour la Paix dans les Sociétés Musulmanes , Fondé également en 2014 et présidé par le célèbre savant Mauritanien Abd Allah ben Bayyah, en est un autre bel exemple. En réponse aux exactions terroristes d’al-Qaeda et Daech, Le Forum organisa, en avril 2015 à Abu Dhabi, sa toute première rencontre à laquelle 350 leaders religieux du monde musulman, prirent part. Tel un seul homme, tous dénoncèrent le terrorisme djihadiste et l’extrémisme religieux qui hantent le monde musulman depuis des décennies.
Tenu à Marrakech en janvier 2016, L’Appel de Marrakech , placé sous le haut-patronage du roi Mohammed VI, a réuni près de 300 chefs religieux musulmans venus de plus de 120 pays. Marquée par sa méthode de travail remarquable, cet Appel est parvenu à associer des musulmans à des non-musulmans, en particulier les minorités persécutées : Druzes, Yézidis, Chaldéens, etc. Déplorant « la détérioration de la situation qui sévit dans différentes régions du monde islamique, en raison du recours à la violence et aux armes pour régler les différends et imposer des opinions » , il dénonça « ces regroupements criminels » qui s’arrogent le droit « d’édicter des règles » qui reposent sur une dangereuse distorsion des « concepts » et des « desseins initiaux » de l’islam. Forgé dans l’esprit de « La Charte de Médine », l’Appel de Marrakech s’est voulu une garantie sans appel des droits des minorités qui fonde la Constitution d’une société multiconfessionnelle. Puisant donc sa singularité dans la Charte de Médine, l’Appel a été imaginé en tant que réponse claire, par le roi du Maroc, aux défis suscités par les exactions commises par Daech à l’encontre des minorités religieuses.
Dans la continuité de ces actions, l’Arabie saoudite organisa en mai 2019, par les soins de La Ligue Islamique Mondiale, actuellement dirigée par Mohamed al-Issa, un congrès international démesuré à La Mecque. Soutenu par l’État saoudien, il fut placé sous l’égide du Serviteur des deux Saintes Mosquées (le roi Salman), et sa cérémonie d’ouverture présidée par le gouverneur de La Mecque, le Prince Khaled al-Faysal. Plus de 1.200 dignitaires religieux et hautes personnalités, issus de 139 pays, ont alors pris part à la signature de la « Charte de La Mecque ». Faisant référence à la « Charte de Médine » signée en 622 entre le Prophète de l’islam et les tribus locales, toutes obédiences confondues, cette dernière garantissait à tous la liberté du culte. S’inscrivant dans sa continuité historique, la Charte de la Mecque entendait rappeler ces ancestrales valeurs de respect, d’ouverture et de modération que l’islam a fait sienne depuis ses premières heures. Inscrite dans cette perspective, elle affirme l’importance de combattre les idéologies extrémistes et condamne ceux qui appellent à la haine de l’Autre.
On l’aura donc compris, réduire l’islam aux débordements de certains de ses courants idéologiques extrêmement minoritaires est un non-sens. De par sa nature hétéroclite, le monde musulman demeure un monde complexe. Une réalité qui impose, lorsqu’on pense « islam », de prendre en considération, ses aspects pluriels amalgamés sous un seul vocable.
Au cœur de sa Oumma hétérogène, il est ô combien aisé de constater, d’un pays à l’autre, les distanciations culturelles, idéologiques, politiques, économiques, etc., auxquelles elle est naturellement assujettie. Des écarts factuels qui infondent la théorie d’un « choc des civilisations » et qui frappe de discrédits les tenants d’un tel sophisme. Des antipodes qui réduisent également à néant ce monde utopique que les identitaires musulmans se bornent à présenter comme « Un et indivisible ». Un monde parfaitement organisé et fort bien hiérarchisé, prêt, au moindre claquement de doigts, à partir à l’assaut du monde. Une évidence qui met à mal la vision fixiste dont le monde musulman et ses sociétés sont victimes. Une essentialisation qui conclue à l’existence d’un continuum entre son passé et son présent, à une dépendance entre son nord et son sud, son est et son ouest. Une évidence qui entre en conflit avec ceux qui affirment que l’islam, de la Chine à la Méditerranée, est en ébullition et que partout brûle le feu de sa haine contre l’humanité. Autrement, comment expliquer qu’au cœur de cette même Oumma, des pays tels que la Syrie, l’Irak ou l’Azerbaïdjan soient laïcs, alors que d’autres, tels que l’Iran, le Pakistan ou l’Arabie Saoudite revendiquent haut et fort leur islamité ? Que l’Égypte, berceau de l’islamisme et l’Arabie saoudite du salafisme, font face actuellement à une progression anormale de l’athéisme ? Qu’en Indonésie, pays des 220 millions de musulmans, en même temps qu’il revendique haut et fort sa sécularité, reconnaît officiellement et indistinctement six religions : l’islam, le protestantisme, le catholicisme, l’hindouisme, le bouddhisme et le confucianisme.
UN DIALOGUE CULTIVÉ DEPUIS 15 SIÈCLES
Inclusif, l’islam s’est forgé, et ce dès ses premières heures, sur la notion fondamentale du pluralisme et de l’universalisme. Une position qui prend sens à travers l’exemple de ses premiers fidèles, Salman al-Farisi (le Perse), Bilal al-Habachi (le Nubien) et Suhayb al-Roumi (le Byzantin). Des « non-natifs » qui symbolisent l’effort grand que fournit l’islam dans sa reconnaissance de l’Autre, à travers le dialogue notamment qu’il cultive depuis 15 siècles maintenant.
Inclusivité et dialogue, deux ressources que l’islam cultive depuis ses origines et qu’il est aisé de constater à commencer par le phénomène biblique omniprésent dans le texte coranique. Un phénomène qui semble surgir d’une même source, d’une même « phratrie », d’autant qu’il tranche inmanquablement avec les Écritures des traditions adogmatiques. Dans ce sens, il suffirait de convoquer le Rig-Véda (hindouisme), le Sûtra du Lotus (bouddhisme), l’Avesta (zoroastrisme) ou les Hermetica (mystico-philosophie gréco-égyptienne) pour s’en rendre définitivement compte.
Hormis la christologie, perçue par les théologiens chrétiens et musulmans, comme la source du désaccord doctrinal entre les deux Traditions monothéistes, le Coran évoque Jésus et sa Mère avec respect, tout en prenant soin de les présenter comme modèles à suivre. Deux figures parmi les plus éminentes que le Coran propose à la foi des croyants et pour lesquelles la tradition islamique a toujours cultivé une dévotion populaire remarquable. Aussi, mis à part le Prophète de l’islam, c’est sur Jésus et Marie, en plus de Moïse et Abraham, que se concentrent les lumières de la Révélation. Et si le Coran n’a de cesse de faire l’éloge du Christ et de sa Mère, la Sunna recense plus de 300 hadiths qui s’évertuent à les mettre au maximum en valeur. Une tradition qui remonte, en réalité, à bien avant l’avènement de l’islam, puisque les murs de la Kaaba (La Mecque) abritaient des fresques représentant Abraham, Ismaël et la Vierge Marie. Fort regrettablement, pour la grande masse des croyants des deux confessions, une insondable méconnaissance partagée prévaut.
Le dialogue entre islam et christianisme remonte donc à loin, à ses premières heures précisément. Cela prend racine à commencer par la sourate 19 qui porte le nom de Marie, seule femme (le cas également des hommes en dehors des Prophètes) que le Coran prend soin de citer nommément. Il remonte à loin, à travers le puissant refuge accordé par le roi chrétien de l’Abyssinie le Négus, aux premiers musulmans qui fuyaient, sur ordre du Prophète, les persécutions de leurs implacables bourreaux. Un acte inscrit dans la postérité et que les musulmans du monde se transmettent depuis fidèlement, de génération en génération.
Par la voix du Coran, l’islam a depuis toujours vivement exhorté les musulmans à nouer le dialogue avec les Hommes de bonne volonté, les fidèles des traditions monothéistes en tête. Les adeptes du verre à moitié vide ne manqueront pas d’objecter que depuis 15 siècles maintenant, l’histoire des relations entre islam et christianisme n’a jamais échappé aux conflits, aux tensions et autres hostilités. Certes oui. Néanmoins, on ne manquera pas de leur rappeler que face à chaque heure sombre de cette histoire commune, il a toujours existé des heures fertiles et lumineuses. On ne manquera pas de leur rappeler qu’au sein de ces deux mondes, une mixité d’ordre sociétale a toujours été la règle. Il n’est pas un pays à majorité musulmane où ne vive une communauté chrétienne, et l’inverse est également exacte. Ce sont les cas manifestes, à travers le temps et l’espace, de l’Andalousie, de l’Anatolie, de l’Orient, du Grand Khorasan ou de la Grande Russie, entre autres. Ce sont les cas manifestes de la Turquie, siège du patriarcat de Constantinople, de l’Égypte, foyer du « Pape » des chrétiens coptes et de l’Irak, berceau du patriarcat des Chaldéens. Quant à la Syrie, elle abrite encore l’Église syriaque orthodoxe fondée en l’an 37 par Saint Paul (m. 67) à Antioche, et qui se considère comme la mère de toutes les Églises du Levant.
UN DIALOGUE AU PLUS HAUT NIVEAU
Conscient de cet héritage commun et fraternelle proximité, Vatican II s’accorda, en octobre 1965, à rendre officielle la voie du dialogue avec le monde musulman. Dans ce sens, l’Encyclique Nostra Aetate précise : « L’Église regarde aussi avec estime les Musulmans, qui adorent le Dieu un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s’ils sont cachés, comme s’est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa mère virginale, Marie, et parfois même l’invoquent avec piété. (…) Si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le Concile les exhorte tous à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté. » .
Depuis, les souverains pontifes qui se sont succédés à la tête de l’Église n’ont eu de cesse d’entretenir cette flamme. Convertis en pèlerins de la paix, ils ont multiplié les visites au sein de nombreux pays musulmans à la rencontre de leurs Chefs d’État et Chefs religieux. Il s’agit du Maroc, de l’Égypte, de la Jordanie, de la Palestine, des Émirats arabes unis, de l’Azerbaïdjan, de l’Irak, du Bangladesh, de la Turquie, du Pakistan, de la Syrie, du Soudan et de la Tunisie.
Aussi, lorsque le Pape François rendit visite au Maroc en 2019, près de trente-quatre ans après celle de Jean-Paul II (1985), ce dernier déclara que « Le Seigneur veut la fraternité entre les religions, et d’une façon spéciale avec les musulmans » , avant d’ajouter : « Il est donc essentiel, pour participer à l’édification d’une société ouverte, plurielle et solidaire, de développer et d’assumer constamment et sans faiblesse la culture du dialogue comme chemin à parcourir ; la collaboration comme conduite ; la connaissance réciproque comme méthode et critère. C’est ce chemin que nous sommes appelés à parcourir sans jamais nous fatiguer, pour nous aider à dépasser ensemble les tensions et les incompréhensions, les masques et les stéréotypes qui conduisent toujours à la peur et à l’opposition. » .
Des paroles pleines de sagesse face auxquelles le roi du Maroc ne demeura pas insensible puisqu’il affirma, dans un discours inscrit depuis dans les annales : « La visite de Votre Sainteté au Maroc intervient dans un contexte de défis pour la communauté des nations, la communauté de tous les croyants. (…) Il nous faut combattre des maux d’un autre âge qui se nourrissent de la trahison et de l’instrumentalisation du Message divin en prônant le déni de l’autre et autres théories scélérates. Dans ce monde en quête de repères, le Royaume du Maroc n’a jamais cessé de clamer, d’enseigner et de vivre au quotidien la fraternité des fils d’Abraham – pilier fondateur de la très riche diversité de la civilisation marocaine. (…) Nous, roi du Maroc, Amir Al Mouminine, nous nous portons garant du libre exercice des cultes. Nous sommes le Commandeur de tous les croyants. En tant que Commandeur des croyants, je ne peux parler de terre d’islam, comme s’ils n’y vivaient que des musulmans. Je veille, effectivement, au libre exercice des religions du Livre et Je le garantis. Je protège les Juifs marocains et les chrétiens d’autres pays qui vivent au Maroc. (…) Les radicalismes, qu’ils soient ou non religieux, reposent sur la non-connaissance de l’autre, l’ignorance de l’autre, l’ignorance tout court. La “co-connaissance” est une négation de toutes formes de radicalisme. Et c’est cette co-connaissance qui nous permettra de relever les défis de notre présent tourmenté. Pour faire face aux radicalismes, la réponse n’est ni militaire ni budgétaire ; elle a un seul nom : éducation. » .
Après la visite historique de Jean-Paul II, en août 1985, au royaume du Maroc, le Pape François est l’hôte prestigieux du roi Mohammed VI, en mars 2019
De même, lorsque le Pape Argentin se rendit aux Émirats Arabes Unis, en fév. 2019, il le fit dans le but de co-signer avec le Grand Imam d’al-Azhar Ahmed al-Tayeb, un « Document sur la fraternité humaine » . Un document historique d’une rare singularité tant il témoigne de la nécessité de dialoguer afin d’œuvrer, main dans la main, à rendre possible la construction souvent fragile de la paix et de la fraternité dans le monde. On peut y lire : « Au nom de Dieu et de tout cela, Al-Azhar al-Sharif – avec les musulmans d’Orient et d’Occident –, conjointement avec l’Église catholique – avec les catholiques d’Orient et d’Occident –, déclarent adopter la culture du dialogue comme chemin ; la collaboration commune comme conduite ; la connaissance réciproque comme méthode et critère. (…). Ce Document, en accord avec les précédents Documents Internationaux qui ont souligné l’importance du rôle des religions dans la construction de la paix mondiale, certifie ce qui suit : La forte conviction que les vrais enseignements des religions invitent à demeurer ancrés dans les valeurs de la paix ; à soutenir les valeurs de la connaissance réciproque, de la fraternité humaine et de la coexistence commune ; à rétablir la sagesse, la justice et la charité et à réveiller le sens de la religiosité chez les jeunes, pour défendre les nouvelles générations de la domination de la pensée matérialiste, du danger des politiques de l’avidité du profit effréné et de l’indifférence, basée sur la loi de la force et non sur la force de la loi. » .
Une belle occasion que le souverain pontife sut saisir pour déclarer : « De votre patrie, je me tourne vers tous les pays de cette Péninsule auxquels je désire adresser mon plus cordial salut, avec amitié et estime. Avec un esprit reconnaissant au Seigneur, en ce huitième centenaire de la rencontre entre Saint François d’Assise et le sultan al-Malik al-Kāmil, j’ai accueilli l’opportunité de venir ici comme croyant assoiffé de paix, comme frère qui cherche la paix avec les frères. Vouloir la paix, promouvoir la paix, être instruments de paix : nous sommes ici pour cela. » .
Visite officielle du Pape François aux Émirats arabes unis, en fév. 2019, aux côtés du prince héritier Mohammed ben Zayed (à droite), et Mohammed ben Rachid al-Maktoum, émir de Dubaï (à gauche)
Pays multiculturel, multiethnique et multiconfessionnel, c’est presque sans surprise que la République d’Azerbaïdjan n’a pas hésité à nouer des relations fraternelles avec le Saint-Siège au point de signer, en 2011, un Accord pour le moins historique. L’article 1 de cet « Accord sur le statut juridique de l’Église catholique en Azerbaïdjan » stipule que : « La République d’Azerbaïdjan, qui reconnaît la liberté religieuse sur la base de sa Constitution, garantit la liberté de professer et de pratiquer en public la Religion catholique. L’Église catholique en République d’Azerbaïdjan a le droit d’organiser elle-même, en conformité avec la législation de l’Église catholique et de réaliser sa mission dans le cadre de sa compétence religieuse et compte tenu de la Législation de la République d’Azerbaïdjan » .
Face à autant de générosité et d’ouverture, le Vatican s’engagea naturellement dans une étroite et remarquable collaboration avec cet ancestral pays du Caucase, celle focalisée sur le plan culturel en particulier. Ainsi, en marge de toute une batterie d’accords bilatéraux signés entre la Fondation Heydar Aliyev et le Conseil Pontifical pour l’Archéologie sacrée, plusieurs projets de restaurations de sites religieux et de monuments de la chrétienté firent à l’ordre du jour. Au nombre de ceux-ci, la restauration des catacombes paléochrétiennes des Saints Marcellin et Pierre, de même que les catacombes de la Basilique de Saint-Sébastien. Deux grands chantiers suivis par celui des catacombes de Saint Commodilus. Des catacombes, qui contiennent, selon le professeur Fabrizio Bisconti (inspecteur à la Commission Pontificale pour l’Archéologie sacrée), des artefacts datant des premières heures du christianisme, de même qu’ils sont réputés être le lieu de sépulture des martyrs chrétiens Felicio et Adauctus.
Le Président de la République d’Azerbaïdjan Ilham Aliyev, en compagnie de la Première Dame, Présidente de la Fondation Heydar Aliyev, en visite officielle au Vatican en fév. 2020
Ces exemples incontestablement remarquables, sont la preuve par mille que le dialogue, en plus d’être incontournable, est surtout névralgique. Névralgique car il se veut la voie d’une formidable opportunité à la faveur de laquelle le champ des possibles devient accessible et la construction de la paix, sa consolidation et sa pérennisation aussi. En bref, il est le symbole de l’espoir sans lequel rien n’est possible, son corps et son esprit. À nous de le préserver, de le faire vivre et de le transmettre.
Aux musulmans et aux chrétiens du monde, cet appel est pour vous : célébrons ensemble nos « fragiles » 15 siècles de dialogue.